Mes cheveux se sont dressés sur ma tête (du moins ceux qui me restent, sans forfanterie) en lisant l’article que mes bons confrères du « JDD » ont consacré à la Hongrie.
Imaginez que ce petit pays, qui fut l’un des premiers à secouer le joug communiste, est tombé sous la coupe amère d’un dictateur au masque de velours, l’immonde premier ministre Viktor Orban ! Contre toutes les valeurs de l’Europe et de la Démocratie réunies, ce tyran abominable s’appuie sur le peuple pour persécuter ses opposants, essentiellement journalistes à la télévision d’Etat si j’ai bien compris.
Quand le pouvoir donne raison aux électeurs contre les bobos, que reste-t-il de l’Etat de droit ? La Hongrie, aujourd’hui, vit dans l’ombre de la Peur. « La peur de la délation, du licenciement – un millier de journalistes et techniciens ont été renvoyés l’année passée de la télévision publique », avertissent les journalistes du « JDD ». Vous imaginez ce qui se passerait si c’était le cas en France ? Si, sous prétexte que les Français ont élu un président de droite pour faire une politique de droite, celui-ci commençait à virer tous les militants de gauche qui contrôlent à leur profit exclusif les médias d’Etat ? Ce serait la révolution… Pardon : la dictature !
« La peur d’être privés de contrats publicitaires pour les journaux d’opposition », poursuivent les confrères. Sûr qu’on ne verrait pas ça en France : à « Minute », par exemple, nous n’arrêtons pas de refuser la publicité, au point qu’il faut se battre avec les annonceurs pour les empêcher d’entrer. On les jette par la fenêtre, ils reviennent par la porte. Et malgré cela, chaque semaine, des dizaines de milliers de lettres de lecteurs arrivent sur nos bureaux pour se plaindre de l’abus de pub dans le journal, que vous n’avez sans doute pu manquer, vous aussi, de déplorer…
« La peur d’être livrés à la vindicte populaire, comme l’ont été plusieurs intellectuels opposés à la nouvelle Constitution par un média affilié au pouvoir, qui n’a pas manqué de souligner leur judéité. » Là non plus, pas de risque que ça arrive chez nous. Ce n’est pas en France, par exemple, que l’on verrait des journalistes de la presse « politiquement correcte » téléphoner à un ministre en exercice – appelons-le Mariani – pour lui reprocher d’avoir osé donner une interview à « Minute ».
Car nous avons la chance, en France, de vivre dans une authentique démocratie, où toutes les personnalités politiques, même lorsqu’elles s’appellent Le Pen, sont traitées par les journalistes de la même manière, et où tous les médias politiques, fussent-ils « hors système », jouissent de la même considération… Vous n’en avez pas eu l’impression jusqu’à aujourd’hui ? Moi non plus.
Serions-nous tous paranoïaques ?
François Couteil