Rome : Un Chinois assassiné avec son enfant, on recherche deux Maghrébins

9 janvier 2012 | Actualité internationale, Actualités, Europe

09/01/2012 – 16h
ROME (NOVOpress) –
C’est un crime qui a bouleversé l’Italie. Le soir du mercredi 4 janvier, dans  le quartier romain de Torpignattara, un commerçant chinois de 31 ans, Zhou Zeng, a été assassiné avec Joy, sa fillette de 6 mois, qu’il tenait dans ses bras. La balle a traversé le crâne de l’enfant pour atteindre le père en plein cœur. Selon les premières déclarations de la mère, seule survivante, la famille venait de fermer son commerce, un bar qui sert aussi de succursale à une agence de transfert d’argent, quand elle a été agressée par deux jeunes gens en scooter, qui ont réclamé la recette de la journée (5 000 euros) en brandissant un pistolet au visage du bébé. Le père ayant protesté, ils ont tiré avant de s’enfuir, en emportant le sac de la femme et une sacoche vide que tenait le mari.

D’après la mère, les assassins étaient des Italiens, qui parlaient « avec l’accent romain ». Cela a suffi aux gros médias pour ethniciser l’affaire. Sous le titre, « La rage de Chinatown : “Les Italiens toujours plus racistes” », La Repubblica (image en Une : copie d’écran de l’article) a publié des témoignages censés avoir été recueillis dans le quartier chinois de Rome. Dans un restaurant, « les serveurs arrangent des plats de riz cantonais et répètent en chœur derrière leur comptoir : “Racistes, oui, Italiens racistes” ». Dans le quartier, « il n’y a plus un commerce qui soit possédé ou géré par un Romain. Depuis quelques années, les Chinois ont chassé aussi les Maghrébins. La jeune fille du bar du coin, “Il Piccolo Caffè”, qui vend des sandwiches à 1 euro 50 est aussi chinoise: “Je savais que tôt ou tard il arriverait quelque chose de grave, ici en Italie on nous déteste, tout le monde nous traite mal”. Hait-elle l’Italie? “Peut-être que oui, peut-être que ce soir je hais l’Italie”, répond-elle. “Je hais l’Italie”, c’est ce que dit aussi une voisine du pauvre Zhou, l’une des 20 ou 30 mille Chinois qui habitent dans la capitale italienne. Personne ne connaît leur nombre exact. Mais tous tremblent dans la Rome “jaune” ».

Le maire de Rome, Gianni Alemanno, ayant milité dans sa jeunesse au Mouvement Social Italien, le quotidien ex-communiste L’Unità a saisi cette occasion pour le mettre en cause, dénonçant « l’ombre noire qui s’étend sur Rome », « aux confins entre extrémisme de droite et criminalité ». En France, un forum a publié tout un fil de discussion sous le titre « Meurtre raciste en Italie ». Un utilisateur écrit catégoriquement : « Quand on connaît un tantinet l’Italie et qu’on suit son actualité, on sait très bien que ces meurtres sont racistes ».

Les médias ont ainsi passé trois jours à attiser la haine raciale en stigmatisant – comme on dit volontiers en d’autres circonstances – les Italiens de souche. Puis, sans que cela enlève évidemment rien à l’horreur de l’affaire, les choses ont pris une autre allure. Grâce au téléphone portable de la pauvre Chinoise, les carabiniers ont retrouvé sac et sacoche, dans un cabanon abandonné, à deux kilomètres du lieu de l’agression : la sacoche contenait 16 000 euros en billets de banque, tachés de sang. D’où provenait cet argent ? À qui était-il destiné ? Et pourquoi a-t-il été abandonné ? Il est en tout cas hautement probable que les agresseurs n’ont pas agi au hasard et qu’ils étaient bien renseignés sur les activités du malheureux commerçant. Le cabanon se trouve de surcroît dans une zone essentiellement fréquentée par des immigrés nord-africains.

Politiquement correct oblige, le Corriere della Sera a sérieusement supposé que les assassins avaient délibérément laissé leur butin (ou peut-être une partie de celui-ci) « dans une zone où habitent des étrangers pour faire retomber la faute sur ceux-ci ». Il a quand même dû reconnaître que le témoignage de la mère sur l’origine des agresseurs n’était guère probant, puisqu’elle sait elle-même mal l’italien : « elle pourrait donc ne pas être en mesure de comprendre s’il s’agissait effectivement d’Italiens ou simplement d’étrangers parfaitement intégrés, peut-être des immigrés de seconde génération ». On en était là samedi matin. La mère a ensuite précisé que les assassins « parlaient italien mais étaient peut-être des Européens de l’Est ».

Les carabiniers ont ensuite retrouvé le scooter et les casques des assassins. Samedi en fin d’après-midi, grâce aux traces biologiques sur les casques, aux empreintes digitales sur la sacoche, ainsi qu’aux images des caméras de surveillance, les deux tueurs ont été identifiés comme deux jeunes Maghrébins déjà connus des services de police. Même La Repubblica parle désormais des assassins comme de « deux immigrés, qui avaient évidemment planifié leur coup depuis plusieurs jours et connaissaient donc les activités de transfert d’argent des époux Zeng ». Après le drame, ils se sont enfuis vers « un de leurs principaux lieux de rendez-vous » : un cabanon « où les immigrés qui le fréquentent déchargent souvent le butin de leurs vols et rapines, pour le récupérer dans un second temps».

Seule l’arrestation des tueurs permettra de savoir si, comme le supposait le Corriere della Sera, il s’agit effectivement d’étrangers “parfaitement intégrés”.

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