08/01/2012 – 11h20
LONDRES (NOVOpress) – Il est usant de lire dans la presse anglaise des articles au ton europhobe et francophobe qui sont sans équivalent sur le Continent. Il semble que nos voisins anglais, à la différence de leurs cousins écossais, gallois ou irlandais, ont besoin de perpétuer les stéréotypes les plus écoules pour se sentir bien dans leur peau. Pour leur plus grand bonheur, les tribulations de la devise européenne et les dysfonctionnements de l’Union ont permis aux journalistes anglais de s’en donner à cœur joie depuis un an.
Mais voilà. Parfois l’actualité ne conforte pas les préjugés du lectorat de la presse londonienne. Que faire quand un bateau français, à l’équipage largement français, financé par une banque française, commandé par un champion de la course en haute mer comme Loïc Peyron (photo), boucle le tour du monde en équipage en battant le précédent record d’une bonne longueur ?
Les journalistes anglais peuvent se noyer de dépit dans la fontaine de Trafalgar Square ou se pendre à un réverbère du Picadilly circus mais ce serait sans compter avec le savoir-faire de certains professionnels du bourrage de crâne quand il s’agit de conforter le chauvinisme insulaire.
Un exemple extraordinaire nous est fourni par Patrick Sawer et Tim Finan pour le Daily Telegraph. Dans leur reportage sur l’arrivée du trimaran Banque Populaire V, ils réussissent l’exploit de faire croire à leurs lecteurs que le record est le fait de Brian Thompson, le seul marin anglais de l’équipage du voilier.
Le nom de Loïck Peyron n’apparaît nulle part dans l’article (sauf dans la légende de la photo) ni le fait qu’il s’agit d’un exploit financé par une banque française. Le lecteur anglais conclut sa lecture de en se disant que c’est bien triste que l’exploit d’un navigateur anglais soit terni par le fait d’avoir eu des Français dans son équipage.
Heureusement, les commentaires des lecteurs n’ont pas tardé à dénoncer les tours de passe-passe des deux journalistes en rétablissant la réalité des faits. Devant ces commentaires le journal a modifié l’article et surtout le titre que l’on voient maintenant sur son site.
Brian Thompson est un des membres d’un équipage où les Français sont majoritaires, à bord d’un bateau français, financé par une banque française et barré d’une main de maître par un champion français.
Les plus embarrassé dans cette affaire, en dehors des deux plumitifs pris la main dans le sac, est sans doute Brian Thompson qui n’avait rien demandé et qui est très fier d’avoir fait partie d’un équipage français pour vivre une aventure hors du commun.
Crédit photo : Pierre De Sète. Licence CC.