L’amendement Le Fur/de Rugy donne des aigreurs aux oligarques « ligériens »

23 décembre 2011 | Actualités, France, Politique

23/12/2011 – 12h00
NANTES (NOVOpress Breizh) – Comme prévu l’adoption par l’Assemblée nationale d’un amendement permettant par voie de référendum de réunifier la Bretagne n’a pas manqué de susciter de nombreuses réactions. Très concernés, les oligarques socialistes de la région administrative des Pays de la Loire sont aussitôt montés au créneau pour dénoncer un texte susceptible de remettre en cause leur pouvoir.

Par la voix de son cabinet, le président de la région Pays de la Loire Jacques Auxiette (PS) s’est déclaré « surpris de cette initiative prise par des députés de gauche car il considère que cela fait diversion : pendant que l’on traitera de ce sujet, on ne traitera pas les vraies priorités dans la campagne électorale ». Oubliant que les populations concernées n’ont jamais été consultées lors de la création de la région des Pays de la Loire, le cabinet poursuit : « c’est un amendement contraire à l’idée qu’il se fait de la démocratie : comment modifier le contour d’un territoire sans demander leur avis à tous les habitants de ce territoire ? »

Même argumentation de la part de Jean-Marc Ayrault, le député maire socialiste de Nantes, qui a réagi en affirmant qu’« une consultation réservée à la région Bretagne et à la seule Loire-Atlantique n’est pas respectueuse des habitants des autres départements des Pays de Loire » (sic). Selon le conseiller spécial de François Hollande « nous ne pouvons faire fi des habitants de La Roche-sur-Yon, Cholet ou Angers -par exemple- avec lesquels nous entretenons des liens étroits. Nos destins sont liés. Dans un monde de plus en plus ouvert, où il faut savoir s’associer et s’allier, la collaboration a plus de sens que le rattachement ou la réunification ».

Point de vue évidemment différent de la part du président de la région administrative Bretagne, qui s’est réjoui dans un communiqué « de cette avancée significative ». Pour Jean-Yves Le Drian (PS), « depuis 1998, le conseil régional de Bretagne s’est toujours prononcé unanimement en faveur de la réunification de la Bretagne historique. Quatre voeux ont été votés en ce sens, le dernier datant de juin 2010 et demandant déjà l’organisation d’une consultation des populations concernées. Le vote de ce matin nous montre que les institutions peuvent parfois remettre l’Histoire en marche».

Position plus réservée du maire de Saint-Brieuc Bruno Joncour (MoDem), pour qui « la réunification de la Bretagne et de la Loire-Atlantique ne saurait être vue comme un règlement de compte historique ou un repli identitaire mais bien comme un enjeu de développement ». Pour ce membre du comité stratégique de la campagne de François Bayrou aux présidentielles, ce n’est pas le bon moment : « (il faut que) le débat engagé depuis plus de 10 ans soit poursuivi de manière approfondie et surtout apaisée ; il ne doit pas se transformer à 5 mois d’une échéance capitale pour notre pays en un concours électoraliste du ‘ meilleur’ réunificateur. »

Prémonitoire ?

Partisan de la réunification, Franck Louvrier, conseiller régional UMP des Pays de la Loire et surtout directeur du service communication de l’Elysée, s’est félicité de cet amendement. Dans un communiqué ce proche de Nicolas Sarkozy précise : « résolument favorable au rattachement de Nantes à la Bretagne et à la création d’un Grand Ouest (?), je me félicite de cette avancée que j’estime tout simplement démocratique. En effet, j’appelle de mes vœux une lecture plus cohérente de notre territoire et ce travail, ce sont les citoyens qui doivent le prendre en mains ».

Les réactions suscitées par la question de la réunification de la Bretagne et des moyens pour y parvenir témoignent, au-delà des clivages politiques traditionnels, de conceptions fondamentalement opposées sur des notions aussi essentielles que l’identité, le territoire ou la démocratie. Ainsi, dans un forum de discussion de l’Agence Bretagne Presse, Marc Le Fur- le co-auteur de l’amendement – écrit : « Je pense que M. AYRAULT est un homme de la mondialisation par la ville. Il ne « croit » pas à la dimension historique et culturelle de la Bretagne. Il y a deux écoles. Celle qui pense que des territoires à forte identité peuvent se développer de façon ouverte et dynamique. Celle qui pense que les territoires ne se définissent que comme une construction urbaine et péri-urbaine. C’est un vrai clivage parfois transpartisan. » Tout est dit.

Photo : Jean-Marc Ayrault et Jacques Auxiette entourant Ségolène Royal : deux “Ligériens” farouchement opposés à la réunification de la Bretagne. Crédit photo : manuel via Flickr licence CC.
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