19/12/2011 – 08h00
PARIS (NOVOpress) — Jean-Louis Murat appartient à la catégorie, réduite à peau de chagrin, des artistes enracinés fiers d’un héritage européen, dont il chante l’appartenance. Musicien accompli, il revendique à l’instar d’un Morrissey son identité culturelle, son amour de la terre charnelle pointant du doigt l’idéologie malodorante du politiquement correct dans laquelle se répandent ses homologues. Il n’hésite pas à braver sans complexes les interdits codifiés par les zélotes du système artistique. Jean-Louis Murat vient une nouvelle fois de le prouver.
Amoureux de sa terre d’Auvergne où il compose et crée ses propres albums, le chanteur a accordé cette semaine à l’hebdomadaire Le Point un entretien au vitriol. Une bouffée d’air frais dans cet océan de conformisme dicté par l’argent-roi. Adepte du parler vrai, Jean-Louis Murat livre ici des propos frappés au coin du bon sens, qui tranchent avec les eaux saumâtres du consensus mou dans lequel baigne le marigot du showbizness. Réalisé à l’occasion de la sortie de son nouvel album intitulé Grand Lièvre (1), Murat en profite pour recadrer les choses : tout d’abord, sur les faux-culs de la générosité qui une fois l’an viennent faire pleurer dans les chaumières sur la pauvreté et qui se servent des Enfoirés pour faire leur propre promotion. Également sur les mœurs perverses d’un milieu qui n’a rien à envier aux turpitudes sexuelles d’un DSK, mais aussi sur le ridicule et la bêtise crasse de ces chanteurs ou comédiens qui sous couvert d’une starification naissante se sentent obligés de donner leur avis en matière politique. Murat réfute non sans humour le droit que s’octroient ces nouveaux « experts » qui « tout d’un coup ont des consciences de Prix Nobel de la paix ». Ce cortège de faux révolutionnaires que Luchini affuble à juste titre du nom de rebelles-salariés subit donc les foudres d’un Murat lucide et clairvoyant sur leur opportunisme crasse.
Mais Jean-Louis Murat, fidèle à la pensée de Bloy et de Bernanos, n’est pas en reste avec le parisianisme et l’opinion gauchisante adoptée hypocritement par la quasi-totalité du milieu artistique. Un forcené du travail, un artisan de la musique au sens noble du terme qui fait dire au Point que son dernier opus est « un petit bijou d’écriture et de mélodie ».
Morceaux choisis :
« Les jolis cœurs, les plus-généreux-que-moi-tu-meurs, je n’y crois pas du tout. Tous ces artistes sont des monstres d’égoïsme. La vraie générosité, elle est silencieuse. Tu fais, mais tu fermes ta gueule. Ça ne doit pas devenir un élément de promotion. »
« Ces hommes de gauche patentés, je connais leur mode de fonctionnement. Le plus grand des jolis coeurs, Renaud, je l’ai vu faire un truc qui te conduit normalement en prison. Il est devenu mon ennemi de base, même si on ne tire pas sur une ambulance. J’ai vu aussi des hérauts de la gauche jouer au poker une petite nana perdue, une nana de 16 ou 17 ans. “Elle est pour toi ou elle est pour moi ?” Je les ai vus faire ça, ces mecs qui hurlent à la mocheté du monde dès qu’un chien se fait écraser. ».
« Les chanteurs se mettent toujours du côté du manche. La vie d’artiste est beaucoup plus confortable si tu es vaguement contre. Ils essaient de se placer sous une sorte de lumière marxiste. Ils disent : Je suis un rebelle, je suis socialiste. Tous les cons font ça. »
Jean-Louis Murat, Vendre les prés (clip officiel)
(1) Grand Lièvre, Jean-Louis Murat, V2 Music/Polydor