La mairie de Nantes invite les étrangers à orienter sa politique des vingt prochaines années

4 décembre 2011 | Actualités, France, Politique

04/12/2011 – 15h00
NANTES (NOVOpress Breizh) – Le Conseil nantais pour la citoyenneté des étrangers (CNCE) entend peser sur l’enquête publique « Ma ville demain », qui doit dessiner le visage de Nantes en 2030. Mais le CNCE, création de la municipalité nantaise, est piloté par une salariée de la ville de Nantes…

La communauté urbaine de Nantes a ouvert depuis plusieurs mois une enquête publique intitulée « Ma ville demain, inventons la métropole nantaise de 2030 » (photo en Une) qui s’achèvera dans quelques jours. Elle vise officiellement à recueillir l’avis des habitants sur l’évolution de l’agglomération dans les vingt prochaines années.

La collectivité dirigée par Jean-Marc Ayrault serait-elle devenue un modèle de démocratie directe ? C’est peu probable. « Ce genre d’opération n’est jamais innocent et n’a rien à voir avec un sondage », estime un politologue nantais. « Dans la plupart des cas, les participants authentiques sont peu nombreux et peu représentatifs de la population. L’essentiel des avis provient de militants, de sympathisants et d’obligés. Derrière une apparence de consultation, il s’agit presque toujours de légitimer une politique déjà arrêtée. On est sur le registre de la communication politique, pas sur celui de la sociologie. »

Et en effet, passé la période de lancement, la municipalité nantaise se cache à peine pour orienter une enquête qui recueille en réalité très peu de réponses spontanées. Elle s’appuie pour cela sur des relais d’influence politique mis en place ces dernières années.

L’un d’eux est le Conseil nantais pour la citoyenneté des étrangers (CNCE), instance municipale créée pour favoriser la montée en puissance des « Nantais venus d’ailleurs ». Sa coordinatrice, Sterenn de Lafargue, qui émarge depuis 2010 à la mission citoyenneté, intégration, égalité de la ville de Nantes, vient de battre le rappel de ses troupes. Ma ville demain, leur écrit-elle dans un courrier électronique, « est une opportunité pour que le CNCE, qui fait remonter tout au long de l’année ses enjeux pour Nantes sous l’angle de l’accueil, l’intégration, la citoyenneté, les discriminations, rende encore plus visible ces préconisations. »

Le CNCE organise mardi 6 décembre à 18h30 une réunion pour mettre au point sa participation à l’enquête. Son caractère d’instrument politique s’affiche clairement à cette occasion. « Cette séance est ouverte plus largement aux personnes de votre entourage désireuse de contribuer à faire remonter l’avis des nantais d’origine étrangère, pour que Nantes 2030 n’oublie pas les enjeux d’accueil, d’intégration et d’égalité vis à vis des nantais immigrés », insiste Sterenn de Lafargue. « Participer à la séance ne nécessite pas de maîtriser parfaitement le français, il s’agit surtout d’avoir envie de s’exprimer sur la Ville de Nantes et la place des immigrés. » Demain, sans doute, Jean-Marc Ayrault et son entourage pourront ainsi affirmer : « Notre enquête l’a montré, les Nantais veulent faire plus de place aux immigrés ».

Le fait pour des étrangers de tenter d’orienter la politique municipale en leur faveur relève d’un travail de lobbying classique. Ce qui est moins classique est que le groupe de pression est ici délibérément constitué, financé et encadré par la ville de Nantes elle-même.
Rarement une tentative de manipulation de l’opinion publique aura été menée de manière aussi voyante.

Sterenn de Lafargue ne tente pas de dissimuler l’origine de son mail : il est envoyé de son adresse électronique à la mairie de Nantes. Le CNCE est officiellement « composé de citoyens de nationalité étrangère, hors union européenne et de nouveaux ressortissants de l’union européenne (Roumanie, Bulgarie) ». Cette exception relative aux Roumains et aux Bulgares intrigue. Il s’agit manifestement d’une discrimination. Reste à savoir si elle est négative ou positive. Et ce qu’en pense l’Union européenne, ainsi que la Roumanie et la Bulgarie elle-mêmes.

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