01/12/2011 – 15h00
BRUXELLES (NOVOpress Breizh) – Ce n’est pas un canular : pour la Commission européenne, il n’est pas démontré que boire de l’eau empêcherait la déshydratation. L’administration bruxelloise vient donc d’interdire aux producteurs d’eau en bouteille de mentionner sur les étiquettes que boire de l’eau prévient la déshydratation. Retour sur une histoire d’eau qui défraye la chronique.
Après trois années d’enquête (!), vingt-et-un scientifiques réunis à Parme (Italie) sont en effet arrivés à la conclusion qu’il n’y avait pas de preuves suffisantes pour affirmer que boire de l’eau prévenait la déshydratation. La Commission européenne en a aussitôt tiré les conclusions et a interdit aux producteurs européens d’eau en bouteille de l’affirmer sur leurs produits. Avec, à la clé, une peine de deux ans d’emprisonnement pour les contrevenants.
Le règlement (UE) n° 1170/2011 de la Commission en date du 16 novembre 2011 concernant « le refus d’autoriser certaines allégations de santé portant sur les denrées alimentaires et faisant référence à la réduction d’un risque de maladie » signé par le président José Manuel Barroso en personne a été publié au Journal officiel de l’Union européenne du 17/11/2011.
A l’origine, deux médecins allemands, Andreas Hahn et Moritz Hagenmeyer, avaient saisi la Commission européenne aux fins de savoir s’il était permis de mentionner sur les bouteilles d’eau que « la consommation regulière de quantités significatives d’eau peut réduire le risque de survenue d’une déshydratation et d’une baisse concomitante de performances ». A priori rien de bouleversant. Grave erreur.
La décision n’a bien entendu pas manqué de provoquer pas mal de commentaires ironiques ou indignés sur la folie réglementatrice de l’administration européenne. Le député européen Roger Helmer (G-B) a déclaré que la décision était « d’une stupidité abyssale. L’euro est en feu, l’Europe s’effondre et il y a des technocrates grassement payés pour s’interroger sur les qualités évidentes de l’eau et pour tenter de nous interdire le droit de dire ce qui est évident. S’il fallait un exemple pour démontrer la folie que représente le projet européen, c’est celui-ci. » Dans un langage plus diplomatique, le ministère de la Santé britannique a tenu à préciser « qu’évidemment que l’eau hydrate. Bien que nous supportions l’Europe dans la prévention des affirmations mensongères à propos des produits, il est important de garder le sens commun. »
Certains ont toutefois pris la défense de la Commission en expliquant que la déshydratation n’est pas forcément causée par le fait de boire trop peu. La déshydratation peut en effet être causée par un manque d’électrolytes comme le sodium ou le potassium. D’autres ont estimé justifiée l’explication des scientifiques européens qui ont affirmé, pour justifier leur refus, que « la teneur en eau dans le corps est un symptôme de déshydratation, et non quelque chose qui puisse être contrôlé par le fait de boire de l’eau ».
Quoi qu’il en soit, en cette période particulièrement agitée que connait l’Union européenne, d’aucuns estimeront rassurant de savoir que M. Barroso et ses collègues, à défaut de trouver une solution à la crise de l’euro, consacrent une partie importante de leur précieux temps à veiller avec un soin jaloux sur la santé des Européens. Dans ce domaine on peut même constater qu’ils n’hésitent pas à se mouiller.