[Lecture] Cohn-Bendit : « Il faut en finir avec les Verts ! »

26 novembre 2011 | Actualités, France, Politique

En finir avec les Verts ? Qu’on se rassure, ce mot d’ordre n’est pas de Daniel Cohn-Bendit – l’ancienne icône de Mai 68 devenu le héraut de la mondialisation libérale sous l’étiquette d’EELV – mais de son frère Gabriel, qui vient de publier aux Editions Mordicus « A bas le Parti vert! Vive l’écologie », un petit pamphlet réjouissant et tonique.

Installé à Saint Nazaire depuis près d’un demi siècle, aujourd’hui âgé de 75 ans, Gabriel Cohn-Bendit aura eu en effet un parcours politique et idéologique passablement original : un passage en 1956 au Parti communiste, puis un stage chez les trotskystes, qui sera suivi d’un séjour au PSU, avant d’entrer au groupe « Socialisme ou barbarie » pour aboutir finalement chez les Verts – avant de les quitter. Celui qui se définit comme « un intermittent du spectacle politique » appelait en janvier dernier toute la gauche à se rassembler derrière DSK. Comme il l’a avoué, lucide, à Libération : « Tous les principes auxquels j’ai cru pendant 20 ans se sont effondrés les uns après les autres ».

Professeur d’allemand, il participe en 1981 à la création du lycée expérimental de Saint Nazaire – expérience d’éducation alternative et utopiste à l’origine de multiples polémiques – où il enseignera jusqu’en 1997.

Total non conformiste, G. Cohn-Bendit va prendre dans les années 1980 des positions sur la Seconde Guerre mondiale et la déportation qui sentent le souffre et qui lui vaudront des conflits avec la LICRA, allant même jusqu’à cosigner un livre « intolérable intolérance » avec l’avocat Eric Delcroix. S’il admet aujourd’hui s’être fourvoyé il déclare : « Je ne renie en rien mon point de vue sur l’impérative liberté d’expression ».

En 2002 il dénonce Lutte ouvrière, le parti d’Arlette Laguiller – « qui n’est pas une sainte » -comme étant une secte dirigée par un gourou, avec un fonctionnement hallucinant de moines soldats. Il n’épargne pas non plus le facteur Besancenot dont il décrie le goût du secret et l’angélisme alors qu’il se prétend héritier de Trotsky « qui ne fut que le précurseur de Staline ».

Cécile Duflot : pour G. Cohn Bendit "une carriériste forcenée"

Aujourd’hui c’est donc à EELV « qui n’est plus qu’un cache sexe pour les Verts » que s’en prend l’enseignant nazairien. Qualifiant dans le quotidien Sud Ouest Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé de politiciens « carriéristes forcenés, l’exemple des récentes négociations avec le PS est un cas d’école», il estime que ceux-ci ne cherchent qu’à obtenir des députés et des mairies qu’ils distribueront aux plus obéissants. La candidature à la présidentielle d’Eva Joly -« pas plus mauvaise que les autres » – est, selon lui, inutile. Quant au fonctionnement non démocratique du parti de madame Duflot, Gabriel Cohn Bendit multiplie à plaisir les anecdotes – ainsi en Bretagne, lors des dernières Européennes, la candidate qui suivait la tête de liste Yannick Jadot, quoique arrivée largement en tête fut écartée par le « politburo », les votes n’étant que « consultatifs » (sic).

Le frère de “Dany” accuse EELV d’avoir ruiné l’engouement des Français pour l’écologie en avalant plus ou moins de couleuvres. Sur la sortie du nucléaire Gabriel Cohn Bendit regrette que le débat ne s’articule qu’entre pro et ayatollahs anti nucléaire et qu’il se laisse confisquer par des sectes intégristes. Pour lui la sortie « de suite ou dans un délai de 5 ou 10 ans est totalement utopiste…. on n’a pas besoin d’une prédiction mais d’une stratégie il est temps que la France commence sa révolution énergétique en ne se laissant pas enfermer dans une dépendance mono énergétique ».

Gabriel Cohn Bendit milite aujourd’hui pour une nouvelle formation politique « débarrassée des oripeaux sectaires congénitaux » d’EELV en se demandant « comment en sommes nous arrivés là ? » De désillusions en désillusions, « Gaby » finira peut être par trouver les bonnes réponses… C’est tout le mal qu’on lui souhaite.

Novopress Breizh

Crédit photo : Michel Briand Licence CC.

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