Brandebourg : des villages entiers vont disparaître

26 novembre 2011 | Actualités, Europe, Société

26/11/2011 – 08h30
BERLIN (NOVOpress) –
La crise démographique dramatique qui touche l’Allemagne est plus sensible dans les zones rurales que dans les grands centres.

Le Land de Brandebourg (ex RDA) constitue un parfait cas d’école de cette situation. La très dynamique zone de Berlin, en constante expansion, y côtoie des régions rurales qui dépérissent comme le canton Elbe-Elster (à l’est de Wittenberg et au sud de Berlin) qui connaît un nombre record d’octogénaires et déjà une baisse de 6% de la population.

C’est un cercle vicieux : quand il y a de moins en moins d’actifs pour une population âgée en constante augmentation, l’activité et le niveau de vie baissent, ce qui entraîne en retour le départ des actifs encore restés sur place. « Ce qui est particulier en Allemagne n’est pas seulement que des villages perdent des habitants qui déménagent, mais surtout qu’il n’y a pratiquement plus d’enfants ».

Tout cela entraîne des problèmes d’approvisionnement et de logistique, un surcoût des réseaux d’eau et d’électricité, ainsi que des services sociaux. Des cas similaires ont d’ailleurs été étudiés en Thuringe, mais aussi en Hesse, où il y a déjà des villages de moins de cent habitants, et dont certains ont perdu un cinquième de leur population les cinq ou six dernières années ! Mais la situation est particulièrement alarmante à l’Est, où l’on a observé après la chute du mur en 1989 une baisse telle de la natalité, que la génération suivante en a été divisée par deux.

Le gouvernement du Land doit prochainement se pencher sur ce problème qui reste encore généralement tabou pour le monde politique, car évidemment peu porteur au niveau électoral. Évoquer l’inévitable disparition de villages entiers fait partie de l’impensable, dans une Allemagne certes fortement urbanisée, mais où tout ce qui touche à la vie rurale fait partie de l’identité culturelle.

Le démographe Steffen Kröhnert esquisse plusieurs pistes de réflexion pour tenter de gérer ce problème:

– Il reste très hypothétique de vouloir inciter les personnes âgées à déménager, d’autant que leurs biens sont devenus invendables en des lieux dévalorisés par la présence de maisons en ruine, quelquefois jusqu’aux centre des villages. La télé-médecine et les services en lignes ne remplaceront pas non plus l’indispensable présence humaine. Une des solutions envisageables pourrait être de créer des postes d’infirmières ou de soignants communaux, pour soulager les rares médecins et leur permettre de se consacrer aux cas urgents.

– Le démographe souligne aussi la nécessité de pouvoir obtenir plus d’autonomie pour les régions et les communes. Le pays souffre d’une pléthore de programmes de développement divers, mais qui ont pour point commun de tous venir d’en haut : Europe, gouvernement fédéral, Land. Mais les communes rurales ont peu de moyens financiers et surtout besoin de motivation, pas de buts prédéfinis, et les citoyens accepteraient mieux des décisions non imposées de l’extérieur. Toutefois, ces marges de manœuvre financières autorisant une plus grande liberté d’action devront d’abord être créées.

– Enfin, il y a certes des lieux où la situation pourrait se stabiliser, voire s’inverser, et où de nouvelles activités pourraient s’implanter, par exemple autour de la bio-énergie ou du tourisme. Mais la disparition de nombreux villages semble aujourd’hui inévitable.

Données tirées de Berliner Zeitung (en allemand).

Crédit de l’image : carte Google.

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