20/11/2011 – 13h00 RENNES
(NOVOpress Breizh) – « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». Ces dispositions de l’article 2 de la loi du 9 décembre 1905, Daniel Delaveau, le maire socialiste de Rennes, semble les ignorer superbement. Le conseil municipal de la cité bretonne vient en effet d’approuver, le 14 novembre dernier, la signature d’un « contrat de mission » entre la Ville et l’association en charge du centre culturel bouddhique. Un projet qui aura coûté à la commune bretonne la bagatelle de 750.000 euros.
L’information est donnée par le Mensuel de Rennes. Situé rue des Veyettes, au sud de Rennes, le nouveau centre bouddhique, d’une surface totale de 385 m², est installé dans un ancien local industriel entièrement rénové parla Ville. L’achat de l’immeuble et les travaux de rénovation s’élèvent à 750 000 €. Une somme considérable en pleine crise financière, et alors que la commune a connu l’une des hausses de l’impôt foncier – + 34,94% en cinq ans – les plus importantes de France.
Après le centre culturel islamique Avicenne construit à Villejean et le centre culturel israélite Edmond-Safra, situé dans le quartier des Gayeulles, le centre bouddhique est le troisième lieu de culte mis en place à Rennes ou cette communauté regroupe un millier de fidèles environ.
Car il s’agit bien en réalité de lieux de culte, comme le reconnaissent eux-mêmes les intéressés du centre Edmond-Safra et du centre Avicenne qui héberge la mosquée Ibnou Sina.
Selon le Mensuel le contrat de mission signé entre la Ville de Rennes et la dizaine d’associations rennaises liées au culte de Bouddha prévoie officiellement de « faire vivre un espace d’échanges interculturel » au sein du centre, de « promouvoir les valeurs de tolérance et de respect entre les citoyens », de « faire connaître le bouddhisme et sa contribution au patrimoine philosophique et culturel universel » et d’« être un pôle ressources dans le domaine de l’interculturel ».
En réalité, comme pour les centres évoqués plus haut, le centre culturel bouddhique servira essentiellement de lieu de culte. Bien entendu, afin de respecter la lettre du contrat de mission, le centre devra également justifier d’activités culturelles et interculturelles liées au bouddhisme. Un alibi, qui permet en réalité de détourner la loi interdisant à l’Etat et aux collectivités locales de financer les cultes.
« Ce n’est pas à la mairie de s’immiscer dans l’aspect religieux (sic)», plaidait Marie-Anne Chapdelaine, adjointe « en charge de la laïcité » (!), dans Le Mensuel de septembre 2011.En plein accord avec le conseiller municipal Bruno Chavanat (UMP), pour qui « les religions et traditions philosophiques ont besoin d’espaces de reconnaissance de la part des collectivités publiques. »
A Rennes, il semble bien que la loi de séparation des Églises et de l’État ait vécu.
Crédit photo : Wat Pah Pong Sangha. Licence CC.