Un banquier italien brise le tabou de la culture du risque excessif pris par les banques

17 novembre 2011 | Actualités, Économie

17/11/11 – 16h00
LONDRES (NOVOpress) –
Jonathan Sugarman (image ci-dessus) est un banquier qui travaillait jusqu’à sa démission à la tête de la gestion du risque au bureau irlandais d’UniCredit, une des plus grandes banques italiennes.

Un banquier italien brise le tabou de la culture du risque excessif pris par les banques Dans une interview récemment accordée à Emma Alberici (photo ci-contre), -journaliste au programme “Foreign Correspondent” de l’Australian Broadcasting Corporation (ABC, Société australienne de radiodiffusion)-, Jonathan Sugarman dénonce la culture du risque excessif imposée par les responsables des grandes banques internationales et surtout les entraves à la loi répétées, faites dans un climat de paradis fiscaux et de largesses réglementaires.

D’après la loi, les banques doivent veiller à avoir en réserve des liquidités et actifs équivalents à 90% du passif de la banque. La moindre descente sous ce chiffre, constatée par les financiers gestionnaires du risque, entraîne la création d’un rapport transmis à l’Autorité de supervision bancaire chargé de contrôler les banques.

A son arrivée au bureau irlandais d’UniCredit, Jonathan Sugarman constate que sa banque est couverte uniquement à hauteur de 70%, soit 20 fois moins que ce qui est autorisé. En tant que responsable du risque , il s’expose donc à des poursuites pénales lourdes (5 années d’emprisonnement). Il décide d’en référer à son supérieur qui lui demande de ne pas s’inquiéter et de continuer. Il donnera sa démission suite à cet entretien et contactera néanmoins l’Autorité de supervision bancaire afin qu’elle se penche sur le cas de la banque.

Le constat est sans appel : alors que l’écart de couverture tolérée est de 1% en dessous des 90% du passif de la banque, UniCredit se situe à 40% en dessous de ce passif et fonctionne donc à court de liquidités. Mais loin de placer la banque sous tutelle, l’Autorité de supervision bancaire conseille de laisser les choses se faire.

Douze mois plus tard le système bancaire irlandais se retrouvait à genou et cinq banques réclamaient un plan de sauvetage de 50 milliards d’euros pour ne pas fermer.

La banque centrale irlandaise a déclaré au sujet de cette affaire qu’elle en était encore à étudier les accusations portées par Jonathan Sugarman contre son agence de régulation. Pendant ce temps là, UniCredit a perdu 15 milliards de dollars au 3ème trimestre de cette année et la crise bancaire bat son plein en Irlande et dans toute l’Europe, provoquée par des spéculateurs qui jouent avec un argent devenu totalement virtuel.

Ci-dessous, le reportage d’Emma Alberici de l’Australian Broadcasting Corporation.

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