14/11/2011 – 10h00
LUCQUES (NOVOpress) – En Italie comme en France, être de souche, c’est avoir son patronyme inscrit sur un monument aux morts de la Première Guerre mondiale ; en Italie, comme en France, les politiciens ne se soucient guère de défendre cette mémoire-là. Car si la tradition, selon le mot fameux, c’est le droit de vote accordé aux morts, les morts de la Première Guerre mondiale ne votent pas bien.
À Lucques, en Toscane, le Parc de la Mémoire, construit dans les années 1920 grâce à une souscription publique, pour honorer les morts lucquois de la Première Guerre mondiale – un arbre avait été planté pour chaque mort, avec son nom sur une plaque –, est laissé à l’abandon depuis des années. Une partie a été transformée en terminus pour autocars. Le reste est devenu un terrain vague. Les arbres ont depuis longtemps perdu leurs plaques. La municipalité a même déplacé ailleurs les célébrations du 4 novembre (fin de la guerre sur le front austro-hongrois), l’équivalent italien du 11 novembre.
Le maire, Mauro Favilla, caricature du politicien italien (77 ans, ex-démocrate chrétien passé au berlusconisme) veut à présent détruire le Parc entièrement pour édifier à la place des gradins permanents, destinés à servir de salle de concerts en plein air. Les monuments seraient déplacés dans un coin. Les arbres sont censés être déracinés et replantés – avec quelles chances de survie, étant donné leur âge, on ne le voit pas ou plutôt on ne le voit que trop bien. Le coût du projet est officiellement chiffré à 5.300.000 €, dont 3.150.000 € de subventions européennes, le reste étant à la charge des caisses municipales qui sont déjà exsangues. Il n’y a bien sûr aucun rapport – qu’allez-vous imaginer ? –, mais l’adjoint au maire chargé des travaux et le directeur des services d’urbanisme ont été arrêtés en juin dernier pour diverses affaires dont celle de la construction d’un nouveau stade. Le maire Favilla a pour sa part été mis en examen pour corruption.
L’association « Italia Nostra » a lancé une pétition « pour sauver la mémoire », qui a recueilli plus de 2.000 signatures, apportées le mois dernier à la mairie. Plusieurs associations dont CasaPound Italia s’y étaient associées. En juillet, les militants de l’association culturelle Epsilon, section lucquoise de CasaPound, avaient en outre procédé au nettoyage du Parc : quinze sacs de déchets divers ont été ramassés. Le 4 novembre, pour remettre ce lieu de mémoire au centre des célébrations, Epsilon y a déposé une couronne de lauriers.
Cette campagne de CasaPound pour sauver le Parc de la Mémoire a culminé samedi dans une manifestation (photo ci-contre et en Une) qui a réuni 150 personnes, derrière une immense banderole « Défendons nos héros ». Le journaliste de La Gazzetta di Lucca a été manifestement impressionné par ces manifestants, « en majorité jeunes, parfois très jeunes, exactement comme tant de Lucquois qui tombèrent au cours de la Première Guerre Mondiale ». Pour rappeler le lien sacré entre les arbres du Parc et les morts, les militants de CasaPound ont recherché dans les archives les noms de 60 morts, avec leurs dates de naissance et de mort, et les ont inscrits sur des plaques. À la fin du cortège, les noms ont été lus un par un et les nouvelles plaques ont été placées sur les arbres.
L’action, qui a trouvé un important écho, a fait le premier titre des informations régionales.