11/11/2011 – 18h30
OXFORD (NOVOpress) – La théorie américaine du genre, qui n’en est encore qu’aux premiers stades de son importation en France, est solidement installée en Angleterre, particulièrement dans les universités. Comme toujours, une poignée de militants profitent du désintérêt général pour prendre le contrôle des associations étudiantes et y faire voter tout ce qu’ils veulent.
La campagne « Oxford sans genre » a été lancée en mai dernier pour « rendre l’université aussi gender-neutral que possible, c’est-à-dire aussi trans*- friendly qu’il est possible de l’être » – le Grand Dictionaire terminologique de nos cousins du Québec recommande de rendre gender-neutral par « indépendant des considérations de sexe » ; trans*- friendly, avec l’astérisque pour laisser toutes les possibilités ouvertes, paraît intraduisible. Le but est de « stopper l’exclusion des personnes trans-identifiées et non-binaires de genre ». Il s’agit par exemple de supprimer toutes les cases « homme/femme » à cocher sur les formulaires et de les remplacer par un blanc où chacun pourra écrire ce qu’il veut : « de cette manière, toute personne qui n’est pas mâle ou femelle peut s’identifier explicitement et être reconnue comme telle ». Tous les bâtiments universitaires devront à l’avenir se doter de toilettes et de vestiaires gender-neutral, pour éviter à « ceux qui ne savent pas quelle pièce sexuée utilisée » de se sentir discriminés.

Le Lièvre de mars et le Chapelier cherchent à mettre le Loir dans la théière : illustration de Sir John Tenniel pour Les Aventures d'Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll (Charles Lutwidge Dodgson, professeur de mathématiques à Oxford)
Frances Watson, délégué(e ?) Trans de l’Association étudiante LGBTQ (Lesbian, Gay, Bisexual, Transgender and Queer, Queer étant censé couvrir tous « ceux qui mettent en question leur identité sexuelle », , fait du lobbying auprès des Junior Common Rooms (BDE) des différents collèges de l’Université pour qu’ils votent une motion en faveur des personnes « trans-identifiées ». À ce jour, dix collèges (sur 38) ont accepté, le dernier en date, cette semaine, étant Corpus Christi (dont le nom renvoie à d’autres temps et d’autres mœurs : il fut fondé en 1517 par l’évêque de Winchester).
La motion prescrit de bannir tout langage qui ne soit pas gender-inclusive. Ainsi, les organisateurs des soirées étudiantes ne devront plus écrire « robes pour les filles, costumes pour les garçons », mais « costumes et robes ». Toutes les publications du BDE seront épluchées pour éliminer « le langage sexuellement marqué ». En outre, « tous les événements gender-specific (particuliers à un sexe) organisés par le BDE devront être ouverts à toute personne qui s’identifie comme de ce genre » – en clair, un garçon qui s’identifie comme fille doit pouvoir venir à un thé de charité pour jeunes filles.
Des étudiants du collège interrogés par « Cherwell », le magazine étudiant , se sont montrés plutôt sceptiques. Pour une étudiante en droit de première année, « l’affaire montre une fois de plus combien certaines campagnes de l’association étudiante sont déphasées par rapport aux préoccupations des étudiants. Ce sont des mesures politiquement correctes de police de la pensée qui se prétendent inclusives et qui n’ont servi qu’à insulter et irriter une bonne partie du BDE, et à faire perdre un temps précieux qui aurait dû être consacré à la discussion du budget pour le sapin de Noël ». Un autre étudiant se dit favorable à l’esprit de la motion mais déplore que les termes employés « paraissent recommander une forme de censure ».
L’adoption en France de ces merveilleux progrès sociaux ne saurait tarder. Elle ouvre des perspectives fascinantes : ainsi, un homme qui met en question son identité sexuelle pourra-t-il se rendre en burkini aux séances réservées aux femmes de la piscine municipale de Lille ?