11/11/2011 – 10h00
PARIS (NOVOpress) – Mardi 8 novembre 2011, énième grève à la SNCF. Comme souvent, les médias « grand public » s’attardaient davantage sur les conséquences (suppressions de train, retards, mécontentement des voyageurs) que sur les causes. Cette grève visait la libéralisation du système ferroviaire européen. Les syndicats de cheminots français CGT, CFDT, Unsa et CFTC répondaient en effet à l’appel de la Fédération européenne des travailleurs des transports (ETF), alors que le Parlement européen doit se pencher à la mi-novembre sur la poursuite de l’ouverture à la concurrence du système ferroviaire.
Les grévistes, mobilisés comme d’habitude pour la défense de leurs « avantages acquis », ont au moins eu le mérite de mettre en lumière un problème qui touche tous les peuples membres de l’Union européenne : la perte de souveraineté sur leurs services publics, le secteur ferroviaire étant l’ultime étape d’un processus mis en place à partir des années 90. Ce processus vise à imposer progressivement à l’ensemble des États membres de l’Union européenne l’ouverture à la concurrence de ses services publics : l’énergie (gaz et électricité), les transports (tous modes), les services postaux et les télécommunications. En théorie, le projet européen vise l’amélioration des performances techniques et économiques, tout en préservant la mission de service qui incombe à tout opérateur. Dans les faits, le modèle américain et les libéralisations déjà effectuées en Europe démontrent le contraire.
L’anodin secteur des renseignements téléphoniques est un exemple du genre. Les Français sont passés de leur bon vieux « 12 » efficace et peu cher à un marché où ils sont submergés par les publicités des différents opérateurs (les fameux 118 XXX), où ils paient plus cher quel que soit le prestataire, pour une qualité souvent inférieure et pour finir, une grosse partie de l’activité a été délocalisée dans les pays d’Afrique francophone. Le Français est perdant sur toute la ligne : service, tarif, emploi, pollution publicitaire. Les gagnants : les financiers qui se sont emparés des marchés et les publicitaires. Et il en est ainsi pour tous les services publics déjà sacrifiés sur l’autel de la mondialisation et il en sera de même pour ceux à venir.
Ironie de l’histoire, les grèves à répétition organisées par des syndicats inconséquents et égoïstes ont réussi à rendre ces libéralisations souhaitables aux yeux du public, celui-ci espérant que cela mette fin aux grèves et aux « privilèges acquis » et que la concurrence conduise à une baisse des tarifs. Quitte à perdre une partie de son patrimoine…