Question : Les prises de position des États-Unis sur la conduite de la zone euro et l’appel à une réaction rapide, ont irrité. Les déclarations de Timothy Geithner, Secrétaire d’État au Trésor américain, ont été ressenties comme une forme d’ingérence assez injuste. Que faut-il penser de la situation américaine ?
Jean-Paul Betbèze : Il faut se dire quelques vérités. Les États-Unis ont été surpris par la rechute de leur activité au deuxième trimestre, par l’idée que la crise avait été, chez eux, plus sévère que ce qui avait été envisagé et que la reprise était également plus modeste que prévu, avec le risque de tomber en récession, ce qu’ils veulent éviter à tout prix.
En même temps, politiquement, la politique budgétaire s’est trouvée bloquée par les tensions entre Républicains et Démocrates. Reste donc la politique monétaire : action sur la baisse des taux longs d’abord (maintien de l’engagement sur le financement de l’immobilier et twist pour faire baisser les rendements de l’emprunt à dix ans américain), action plus politique alors sur la montée du yuan qui se heurte au refus chinois, action politique aussi sur la liquidité américaine, avec l’accent mis sur les risques de financement des banques européennes qui en sont tributaires. Ce dernier point, aussi nouveau que politique, a attiré les regards des marchés financiers sur les banques européennes au moment où les problèmes européens étaient déjà aigus ce qui n’a pas aidé.
On peut penser que les États-Unis ont ainsi mené une action de diversion vers la zone euro, au risque d’y détériorer une situation déjà fragile. Elle a permis ensuite l’ingérence.