« Sur le concept du visage du fils de Dieu », la pièce qui divise (aussi) les évêques bretons

4 novembre 2011 | France, Société


04/11/2011 – 10h00
RENNES (NOVOpress Breizh) – « Sur le concept du visage du fils de Dieu », la pièce de Roméo Castellucci jugée blasphématoire par de nombreux catholiques sera jouée à Rennes du 10 au 12 novembre. Des représentations données sous haute surveillance policière et sur fond de désaccord entre deux évêques bretons comme cela a été le cas pour la représentation à Paris.

Présentée lors du dernier festival d’Avignon, la pièce a déclenché la semaine passée à Paris de nombreuses manifestations de la part des militants royalistes d’Action Française et des catholiques de l’Institut Civitas qui la jugent blasphématoire et christianophobe.

Mgr d'Ornellas : "Manifester contre Castellucci est une erreur de perspective. "

Qu’en est-t-il exactement ? Dans une chronique de France Culture, la critique Joëlle Gayot parle ainsi de la pièce : « Devant nos yeux, sur une immense toile tendue, le visage du Christ nous observe. Au pied de cette peinture, une scène terrible se passe. Un vieil homme se trouve là, diminué, impotent. Son fils en costard cravate s’apprête à partir travailler. Le vieillard fait sur lui. Il pleure, murmure ‘ pardon, excuse moi’. Son fils le nettoie, change sa couche. La même scène se reproduit plusieurs fois. Le vieillard défèque, il sanglote. Le fils le change, hurle, pleure. Puis le spectacle bascule. C’est le visage du Christ qui est l’objet des regards. Le fils colle sa bouche sur la toile et l’embrasse. Des enfants arrivent qui balancent des grenades sur l’immense visage avant que le vieillard lui même ne grimpe dessus pour y déverser ses propres excréments. Le spectacle s’achève sur ses mots écrits « Tu es mon berger ».

« Une pièce devant laquelle le Tout-Paris cultureux se pâme. Très audacieuse, si si si, elle consiste essentiellement à tout tartiner de merde, y compris un portrait du Christ. » écrit Catherine Ségurane, sur le site Agoravox.

Mgr d’Ornellas, archevêque de Rennes, ne trouve quant à lui rien à redire à l’œuvre de Castelluccci. Dans un communiqué, il écrit : « J’ai lu Castellucci qui confesse (sic) : « j’ai toujours été fasciné par l’image du Christ ». Ne nous trompons pas de combat en luttant contre une christianophobie à laquelle on veut nous faire croire. Les chrétiens, eux, croient au Christ, Fils de Dieu. Vivre selon leur foi est leur vrai combat quotidien, dans l’amour qui écoute le cri des chercheurs de Dieu. Manifester contre Castellucci est une erreur de perspective. »

Mgr Centène : "Je félicite et j’encourage tous ceux qui, en cohérence avec leur foi, n’hésitent pas à agir publiquement"

Un point de vue que ne partage manifestement pas Mgr Centène, qui a apporté son soutien aux manifestants parisiens. Dans une lettre adressée à François de Penfentenyo, président de l’institut Civitas, reproduite par le Salon beige, l’évêque de Vannes écrit : « Comme vous le faites justement remarquer, les manifestations soi-disant culturelles et artistiques attaquant le Christ et son Église sont en hausse constante. A l’heure où, en de nombreux pays, les chrétiens subissent, au seul motif de leur foi, de multiples vexations quand leur vie n’est pas tout simplement mise en péril, il me semble effectivement nécessaire de réagir avec fermeté(…)Alors que nos frères, en de nombreux endroits, font face avec courage et détermination pour maintenir le trésor de la foi malgré le danger, je ne peux que soutenir toute action visant à défendre, avec charité et fermeté, l’honneur du Christ et de l’Église. »

Et Mgr Centène de conclure : « Je félicite et j’encourage tous ceux qui, en cohérence avec leur foi, n’hésitent pas à agir publiquement, et qui, bien que n’usant pas de violence, aussi bien verbale que physique, sont emmenés par les forces de police et placés en garde à vue, alors qu’ils manifestent, en toute justice, leur désapprobation face à des spectacles dont l’ignominie dépasse l’entendement même. »

A l’appel de plusieurs mouvements catholiques une manifestation est prévue le 10 novembre à 18 h 30 devant le théâtre national de Bretagne. Absente la plupart du temps dans les quartiers dits « sensibles » de Rennes, la police sera bien au rendez-vous : « Un service d’ordre extrêmement puissant sera présent à l’extérieur du Théâtre national de Bretagne, rue Saint-Hélier, afin d’éviter tout contact entre manifestants et spectateurs. Des policiers, il y en aura aussi dans la salle. Au moindre dérapage, les fauteurs de trouble seront interpellés, des poursuites seront engagées » » déclare à Ouest-France le directeur du théâtre François Le Pillouër. De quoi se protéger contre ce que Monseigneur d’Ornellas appelle une « erreur de perspective ».

Crédit photos  : Mgr Pierre d’Ornellas, Pymouss, licence cc. Monseigneur Centène, archives NOVOpress Breizh.

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