Alors que le chômage progresse et que quatre rapports mettent en cause son fonctionnement, Pôle emploi, conformément aux directives gouvernementales, s’efforce de mettre en place la « diversité » au sein des entreprises. Mettant ainsi en application les orientations données par Nicolas Sarkozy.
Pas moins de quatre rapports viennent d’être publiés sur Pôle emploi, mettant en cause le fonctionnement de cet établissement public issu de la fusion entre l’ANPE et les Assedic. Le Sénat, l’Inspection générale des finances, le Conseil économique et social et le Centre d’analyse stratégique soulignent en effet que Pôle emploi assure mal sa fonction de service public, la montée du chômage n’expliquant pas tout et l’accompagnement des demandeurs d’emploi demeurant insuffisant ou inefficace.
Camoufler la réalité du chômage
Le rapport d’activité 2010 de Pôle emploi était pourtant très optimiste en constatant « une notable amélioration de l’activité » alors que celle-ci se traduisait par une augmentation du déficit et une hausse du nombre des demandeurs d’emploi indemnisés.
« Nous sommes dans une situation de croissance … le taux de chômage recule ». Pour tenter de faire croire que la situation s’améliore, Xavier Bertrand, ministre du Travail, annonce chaque mois des contre-vérités et travestit la réalité des chiffres. De son côté, Christian Charpy, directeur de Pôle emploi, affirme que « la stabilisation du chômage en 2011-2012 semble raisonnable » ajoutant « le chômage n’atteindra pas le niveau qui était le sien avant l’entrée en récession début 2008 ». Prudent il fait toutefois observer que « les inscriptions à Pôle emploi ne sont pas indépendantes de la conjoncture ».
Pour faire baisser artificiellement les chiffres du chômage – échéance présidentielle oblige – le Gouvernement est prêt à tout. Après avoir inventé la « convention de reclassement personnalisé » (CRP) puis le « contrat de transition professionnelle » (CTP), voici le « contrat de sécurisation professionnelle » (CSP) qui va transformer ses bénéficiaires – licenciés économiques ayant même une faible ancienneté – en « stagiaires de la formation professionnelle » qui eux aussi ne rentreront pas dans les statistiques… pendant un an, s’ils ne retrouvent pas de travail avant.
Recruter dans la « diversité »
Les efforts de placement de Pôle emploi sont avant tout ciblés vers des « publics » et des « clients » résidant en « zones urbaines sensibles » (ZUS) et « zones franches urbaines » (ZFU), en d’autres termes les fameux « quartiers sensibles ». Pour cela Pôle emploi mise systématiquement sur des « méthodes de recrutement par simulation » n’excluant personne, quasi imposées aux entreprises, sortant des critères habituels de sélectivité comme l’expérience et le diplôme mais jugées « non discriminatoires et équitables » ou le CV anonyme, particulièrement mis en avant par le Pôle emploi de Nantes, dont on vient de s’apercevoir qu’il avait des effets contraires à l’objectif recherché. Des méthodes agréées par la défunte HALDE (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité), qui avait signé dès février 2007 une convention de coopération avec l’ANPE.
Mais comme cela ne suffit pas, Pôle emploi, « engagé depuis longtemps dans la prévention des discriminations à l’embauche et la promotion de la diversité » met en œuvre d’autres outils pour atteindre ces objectifs.

Laurence Parisot : "Restons un pays ouvert, qui accueille de nouvelles cultures et profite du métissage "
Des conventions de partenariat ont ainsi été signées avec de grandes entreprises comme PSA, les grandes banques et les fédérations professionnelles adhérant au Medef, pour l’embauche prioritaire de publics « divers » comme les « jeunes » résidant en ZUS. Conformément au discours de Laurence Parisot, la patronne du Medef, (« Restons un pays ouvert, qui accueille de nouvelles cultures et profite du métissage »), les grandes entreprises sont ainsi incitées à signer la « charte de la diversité » pour démontrer leur « engagement responsable » et « augmenter leur performance économique » (sic). Trente d’entre elles l’ont fait dans la région administrative Bretagne, et cinq fois plus dans celle des Pays dela Loire.
C’est dans ce sens, par exemple, que le groupe Lucien Barrière, hôtellerie de grand luxe, implanté en Bretagne à La Baule et à Dinard, vient de signer un accord avec Pôle emploi. Les clients de ces palaces seront désormais servis par du personnel principalement « issu de la diversité ».
Cette politique – qui constitue en réalité une discrimination négative à l’encontre des salariés d’origine européenne – est en tout point conforme à la volonté exprimée par Nicolas Sarkozy qui, le 17 décembre 2008 au colloque « Egalité des chances et diversité » à Palaiseau, déclarait (voir vidéo) sans ambages : « Nous devons relever le défi du métissage… C’est une obligation, c’est un impératif, on ne peut pas faire autrement… Nous devons changer partout en même temps, dans l’entreprise, dans les administrations, à l’éducation… et on va se mettre des obligations de résultat. Si ce volontarisme républicain ne fonctionnait pas, il faudra alors que la République passe à des méthodes plus contraignantes encore. » On y vient.