16/10/2011 – 10h00
BARI (NOVOpress) – Ça s’appelle « Inshallah. Il viaggio di Mohamed Alì » et c’est le tout nouveau film de propagande immigrationniste. Ça vient d’être présenté à Bari et ça sera projeté partout en Italie, dans toutes les écoles si tout va bien. Le réalisateur, Antonio Laforgia, travaille à « une “distribution civile”, qui réunisse écoles, associations, places, centres sociaux, et tous les lieux à partir desquels il est possible de commencer à construire une conception différente de l’Autre, en commençant par éliminer au plus tôt le mot clandestin de notre vocabulaire quotidien ».
Antonio Laforgia, vous l’avez deviné, est un ancien étudiant en sociologie, devenu ensuite journaliste de gauche par « une formation personnelle sur le tas ». « Avec ce travail il passe du journalisme écrit au cinéma documentaire ; le registre change, mais restent au centre de sa recherche le récit des histoires de vie de ceux qui sont à la dernière place, et la dénonciation des droits niés, avec un style qui combine l’analyse socio-politique à une approche anthropologique et participative ».
Pour le blogue immigrationniste du Corriere della Sera, « Stranieri in Italia », Laforgia a « expliqué son travail », comme on dit dans ces milieux. « Le film raconte le voyage de Mohamed Alì, un des milliers de Tunisiens débarqués à Lampedusa au printemps de cette année. La rencontre avec Alì s’est produite à l’extérieur du camp de Manduria, d’où il s’était à peine enfui à cause des conditions intenables dans lesquelles il était contraint à vivre [lors de la fuite massive de centaines de clandestins, aidés par l’extrême gauche, en avril dernier, NdT]. Grâce à l’aide de certains militants, Mohamed est parvenu à rejoindre Bari, où il a commencé à partager avec moi son histoire, depuis la révolution [tunisienne] jusqu’à l’arrivée en Italie. Il m’a montré aussi des vidéos et des photos faites avec son téléphone portable, réalisées avec le désir de pouvoir un jour raconter son expérience. À ce moment, je lui ai proposé de continuer ensemble le voyage jusqu’à sa destination finale, la France, et de documenter avec deux caméscopes, dont l’un entre ses mains à lui, ce qui arriverait ».
Et notre sociologue vidéaste de conclure avec enthousiasme : « Inch Allah est l’histoire d’un voyage dans lequel on franchit d’un seul coup deux frontières : la frontière géographique, imposée par le cynisme des politiques européennes en matière d’immigration, et la frontière culturelle, nourrie par la représentation de l’Autre comme menace au lieu de le voir comme rencontre et occasion ».
Occasion de quoi et pour qui, on se le demande toujours. Si les lois sur l’immigration, tant italiennes que françaises, étaient appliquées, « Inch Allah » vaudrait à son auteur des poursuites pour aide à l’immigration clandestine. En l’état actuel des choses, il lui rapportera son lot d’applaudissements, de comptes rendus émus dans les journaux, de récompenses et de prix.
Il n’est pas sûr pourtant que le film produise l’effet recherché sur tous les spectateurs. Dans la bande annonce du film, on entend par exemple Mohamed déclarer en propres termes : « si ça va continuer comme ça, la France de ramener des jeunes Tunisiens ici, ça va péter, ça va être comme Lampedusa ». Et encore : « Tu me dis mardi, puis tu me dis mercredi, puis tu me dis jeudi, non, je veux que tu me dire, le lundi prochain tu auras ton permis, donc je vais me tais, je vais rester calme, tranquille dans ma tente, et je vais pas faire des problèmes ». Certains seront peut-être capables de voir là, justement, une menace.